Procédé de tannage des cuirs [3]
On sait le rôle important que joue l'oxygène dans le tannage du cuir. On sait aussi que lorsque les cuirs sont enfermés dans les fosses de tannages, l’air y a difficilement accès et que l'oxygène qu'il contient se trouve rapidement décomposé. Il résulte de cette décomposition que le tannage se ralentit, que l'absorption du tanin se fait moins bien, qu'une partie de la gélatine coule et que le cuir faiblit. De plus, il se forme une fermentation putride qui active la décomposition du cuir, surtout si les premiers lavages et expositions n'ont pas été bien conduits.
Avec mon procédé, tous ces inconvénients disparaissent et l'opération du tannage s’effectue dans un temps relativement court, soit environ le tiers du temps actuellement employé qui varie entre 12 et 14 mois.
Le dioxyde de manganèse employé d'après ce procédé a pour effet de céder l'oxygène dans la cuve en remplacement de celui qui est décomposé. Il forme, par son contact avec les matières tannantes, un oxyde tannique et un tannate de manganèse, plus un oxyde libre. De cette façon, les peaux se trouvent en présence de matières fortement oxygénées et antiputrides, ce qui active le tannage tout en l’effectuant d'une façon plus correcte et dans de meilleures conditions.
Les peaux traitées par ce procédé jouissent de qualités plus grandes et sont d’un rapport plus élevé. Les expériences successives est prolongées que j'ai faites le prouvent surabondamment.
En ajoutant aux bioxyde de manganèse une très faible quantité de protoxyde de plomb, j'arrive à durcir les cuirs, ce qui peut être avantageux dans certains cas.
Dans la pratique de mon invention, je procède comme suit:
Au fond de la fosse je dépose une couche peu épaisse de matière tannante (écorce de chaîne ou de saule), puis j'étends sur cette couche du lit deux peaux convenablement lavées; par dessus ces peaux je place une nouvelle couche de matières tannantes que je recouvre d'une légère couche de dioxyde de manganèse; sur cette couche, j’étends de nouvelles peaux en alternant les peaux, la matière tannante et le bioxyde de manganèse, jusqu'à ce que la fosse soit pleine.
Une fosse contient environ 10 à 12 couches de peaux. Pour une couche de matière tannante, d’environ 20 kg, je fais usage d'environ 1 kg de dioxyde de manganèse. Ces quantités s’appliquent à une fosse ordinaire; pour des fausses plus grandes ou plus petites, elles varient proportionnellement.
Lorsque la fosse est pleine, j'arrose le tout avec un peu de jus tannant. Pendant le cours du tannage, dont la durée est d’environ quatre mois, il suffit de retourner une fois les peaux et de changer les matières tannantes, au lieu de quatre à six fois, d'après le procédé courant.
À la place du dioxyde de manganèse, auquel je donne la préférence, je puis faire usage de protoxyde de plomb ou de toute autre matière jouant le même rôle et pouvant céder de l'oxygène, pour accélérer le tannage, économiser du temps, de la main-d'œuvre et du tanin, et empêcher la décomposition dans les fosses. [4]
[1] FamilySearch database (KC86-FJP)