Perfectionnements apportés aux moteurs à gaz
Dans mon brevet du 24 janvier 1860, numéro 43624, je disais, que ce que j'entendais breveter, c'était de se servir du vide que faisait le piston dans le cylindre, pour y introduire le gaz et l’air sans mélange préalable; mais comme le piston fuyait avec une assez grande vitesse et que l'excentrique, qui fermait le tiroir d'introduction, ne fermait pas assez vivement, il s’ensuivait un vide, qui au moment de l'inflammation, donnait un choc (comme le fait une pièce mal chargée) puis de la perte dans la pression des gaz brûlés.
Pour obvier à cet inconvénient, j'ai imaginé de faire fermer le tiroir par le mouvement même du piston, ainsi qu'il suit: un curseur avec galet est fixé à la tête de la tige du piston et fait basculer à son passage un fléau de balance, après lequel est relié le tiroir de distribution; chaque fois que le curseur passe sur l'un ou l'autre bout du fléau, il détermine l'ouverture ou la fermeture du tiroir très vivement et dans ce cas, le vide est inappréciable.[3]
Le perfectionnement qui fait l'objet de la présente addition consiste à chauffer le gaz et l’air avant de les introduire dans le cylindre, lorsqu'il s'agit d'un moteur où les mélanges ne sont pas comprimés et enflammés à la pression atmosphérique; à cet effet je fais passer l'air et le gaz isolément dans un réservoir qui est chauffé soit par la chaleur perdue du moteur, soit par tout autre moyen avant de les introduire dans le cylindre.
Mais si je comprime les mélanges d'air et de gaz soit à deux ou trois atmosphères voici comment j’opère:
Le dessin ci joint représente une section du cylindre et de la chambre d'inflammation.
Un réservoir A que j'appelle la chambre à combustion est placé sur le cylindre C, et est toujours maintenu à une température très élevée; ce réservoir communique avec le cylindre par le tuyau B. Lorsque le piston E marche en avant, il fait le vide derrière lui, mais le tiroir D, étant ouvert, laisse entrer le gaz et l’air qui remplissent la chambre A et le cylindre C, puis quand le piston est arrivé au bout de sa course, il refoule les mélanges dans la chambre à combustion A, et alors l'inflammation a lieu, puis la pression s’exerce sur le piston E et le piston est poussé en avant jusqu'au bout de sa course. Le tiroir d’échappement s'ouvre et les gaz brûlés sont chassés par le retour du piston, puis ce tiroir se ferme et celui d'introduction s’ouvre, et de nouveau le piston E fait le vide pour que le cylindre C et la chambre A se remplissent des mélanges d'air et de gaz, les comprime, et puis l’inflammation a lieu.
Après quelques combustions, la chambre A d'inflammation devient très chaude, et le gaz et l’air sont fortement chauffés par la dite chambre avant d'entrer dans le cylindre C, ce qui produit une économie considérable sur la dépense du gaz.
[1] FamilySearch database (KC86-FJP)