43 - Jean Joseph Étienne LENOIR (31) (1822 - 1900) [1][2][3]


Système de gravure photographique dit typo-photographique


Basic patent

French patent           129317

Application date:      27 February 1879

Grant date:               6 May 1879


Ce système de gravure comporte différents moyens que je vais énumérer: 

  • il faut mélanger à de la gélatine ou albumine, une matière soluble dans l'ammoniaque ou le carbonate de potasse, de soude, enfin dans les alcalis;
  • il faut rendre la gélatine ou l'albumine capable de résister aux acides; 
  • on doit placer sur la plaque métallique avant la gravure, une matière faisant graver en grain;
  • on doit se servir d'une composition d'acide qui maintienne le dit grain. 

Pour obtenir une gravure typo-photographique je procède comme suit:

Sur une plaque de métal, j'étale une couche légère d'albumine ou gélatine bichromatée mélangée de résine, de bitume ou de carmin que je préfère parce que ce dernier est très soluble dans les alcalis, et qu'il aide beaucoup au dépouillement, enfin toute matière soluble dans les alcalis.

Quand cette matière est séchée, j'expose la plaque à la lumière sous un cliché. Quand la solarisation est suffisante, je plonge ladite plaque dans de l'eau alcaline jusqu'à dépouillement complet, puis je la lave et la sèche, pour la chauffer ensuite à 100°. 

Je la plonge alors dans une dissolution de bichromate de potasse ou d'ammoniaque avec du sulfate d'ammoniaque, et je l'expose de nouveaux à la lumière, puis je la fais chauffer encore à environ 150° centigrades.

Je puis aussi faire absorber une dissolution de gomme laque ou de résine quelconque pour remplacer le bichromate, car ces différents corps rendent aussi l'albumine et la gélatine difficilement attaquables par les acides.

Dans cet état la plaque métallique est prête à passer à l'acide, mais avant, j'étale au pinceau une couche légère d'un vernis mélangé de carbonate de chaux, ou bien encore une dissolution, que je préfère, de bitume de Judée et de térébenthine dans de l'essence et du carbonate de chaux.

Lorsque cette couche est sèche, je plonge la plaque dans un acide composé comme suit: 

  • eau                    10 litres
  • acide oxalique      50 grammes
  • alun                 500 grammes
  • acide nitrique     200 grammes

Une heure après je lave la plaque, qui peut être utilisée de suite pour tirer en typographie.


Note:

A reference book on photoengraving techniques, published in 1900, contains an article on LENOIR’s invention. It presents a French transcription  of an (English) text published earlier in the US magazine « Photographic News ». The text reads as follows: [4]

Phototypographie. Procédé Lenoir (1880)

Voici comment M. Lenoir décrit cette méthode:

Jusqu’à maintenant, pour obtenir ces négatifs, on tirait une épreuve à l’encre grasse par le procédé Poitevin. Une impression en était obtenue sur une feuille de papier transfert que l’on plaçait sur une plaque métallique; après l’avoir soumise à l’action de l’acide, on l’encrait à plusieurs reprises sous l’eau, ce qui était difficile et incertain. J’ai trouvé un moyen d’opérer directement sur plaque sans encrage. Voici comment:

J’enduis légèrement d’albumine additionnée de bichro­mate et de carmin une plaque métallique. Le carmin intervient non seulement comme matière colorante, mais il aide à l’enlèvement de la pellicule, à cause de sa solubi­lité dans l’ammoniaque.

Diverses résines conduisent presque aussi bien au même résultat.

Quand la couche a été arrachée, il reste une image for­mée d’albumine, image qui, par elle-même, ne saurait résister à l’action des acides. On doit donc la rendre insoluble.

On y arrive par deux moyens: Le premier consiste dans l’absorption par l’albumine d’une solution de gomme laque dissoute dans de l’eau chaude avec du borax.

L’autre moyen est celui qui me semble préférable: je plonge la plaque, après arrachage, dans une solution de bichromate de potasse, puis je la sèche à une température de 50° C. L’albumine acquiert ainsi la résistance voulue à l'action des acides.

La plaque doit maintenant être gravée pour lui donner un grain proportionné à la quantité d’encre qu’elle devra prendre.

On verse sur la plaque rendue imperméable une couche consistant en une solution de bitume de Judée et de térébenthine mélangée avec du carbonate de chaux.

Quand on la plonge dans de l’acide, l’acide carbonique est mis en liberté; il se forme des canaux étroits à tra­vers lesquels l’acide attaque le métal plus ou moins rapi­dement suivant l’épaisseur de l’albumine.

Mais si l’on fait usage d’un acide trop fort, les petits canaux seront bien vite détruits; c’est pourquoi j’use d’un liquide acide composé d’eau acidulée avec de l’acide nitrique, de l’acide oxalique et de l’alun; il se forme alors un oxalate du métal sur les bords des canaux, ce qui les fait adhérer à la plaque. La granulation de la gravure est plus ou moins fine suivant le temps plus ou moins long pendant lequel l’albumine absorbe l’acide.

Il se produit de petites élévations semblables à des pyramides microscopiques. Dans cet état, le travail est terminé, il n’y a plus qu’à sécher la plaque et elle est prête à être immédiatement imprimée; aucune autre préparation préliminaire n’est nécessaire et l’opération entière peut s’effectuer dans un laps de temps d’environ trois heures.

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[1] FamilySearch database (KC86-FJP)

[2] Wikipedia

[3] see also Lenoir 30

[4] Léon VIDAL, Phototypographie, Procédé Lenoir, Traité pratique de photogravure en relief et en creux, 1900, pages 396-397

(13/12/2021)