54 - Nicolas MANDERSCHEID (1822 - ) [1]

MANDERSCHEID was born on 24 July 1822 in Roth an der Our, on the German border, near Vianden. In 1845 he married Catherine LORENZ, born in Bettendorf into a farmer’s family.

The couple settled in Bettendorf where MANDERSCHEID was a Hufschmied and lived in the house called: Neuen Schmiedt [2]. 

In December 1855 his household included his widowed mother (NEUMELS) and his assistant (WALDBILLIG). 

On 31 March 1856 MANDERSCHEID applied for a patent for the following machine:

Dreschmaschine

He also requested that the grant fee be waived and, in support of his application, he filed two annexes:

1° a statement signed by 9 farmer colleagues of the Diekirch area, praising the merits of the machine.

‍            SALENTINY Hubert, MAJERUS Nicolas, THEIS-MAY (Bettendorf)

‍            SINNER Jacques (Longsdorf)

‍            SINNER Michel, MERGEN Pier (Tandel)

‍            WAMPACH Jean (Bleesmillen)

‍            WOLFF Franz (Diekirch)

‍            ZETTINGER Nicolas (Hessenmillen)

2° a statement by the Bettendorf farmers’ association (Collegium) setting out that he had limited financial means.

The invention, as described in the granted patent, read as follows:

Ce système est composé principalement de deux tambours servant à monter alternativement à l'aide d'engrenages et d'une manivelle ou d'une roue à cheville, 2 poids de 300 livres chacun, et dont un seul suffit, étant abandonné à lui-même avec une vitesse de 1,30 m par minute, pour faire marcher les engrenages servant à donner le mouvement de rotation au batteur.

C'est ainsi que ces deux poids, montés et abandonnés tour à tour à l'action de la gravité, font alternativement et sans interruption marcher la machine.

The Chambre de commerce was given the possibility to appoint their own expert examiners and they chose François EYDT, architecte de la ville de Luxembourg and Eugène FISCHER, vétérinaire et agriculteur in Peppingen. By mid-June 1856 the Chambre de Commerce had not yet issued its opinion on the merits of the MANDERSCHEID machine and the latter, impatient, enquired on 13 June 1856 and again on 3 July 1856. In the meantime the experts had sent their report to the Chambre de Commerce:

Les soussignés, chargés par la Chambre de commerce, à l'effet d'examiner la demande en obtention d'un brevet d'invention d'une machine à battre le grain présentée par le serrurier Manderscheid, ont l'honneur de vous faire part:

que le système proposé de faire marcher une machine à battre, au moyen d'une combinaison d'engrenages, dont le mouvement est sollicité par un poids double, alternativement remonté par la main d'un homme, est une application toute nouvelle, qui peut dans certains cas avoir son mérite pour la régularité d'un travail à produire.

Sous d'autres rapports, il ne faudra cependant pas, que l'inventeur se fasse illusion sur la valeur d'un travail plus grand produit par ces moyens, que s'il applique directement la main à la manivelle pour produire le battage; car le travail fait pour remonter le poids à la hauteur voulue, dans un temps plus court, est plus grand que celui que produit ce même poids, pour opérer la descente à même hauteur, par un temps plus long, abstraction faite de toute autre considération de frottement et de complications. [3]

Ce nouveau manège à poids et à bras d’homme, agissant par voie indirecte est du reste bien combiné, pour ne pas produire une interruption dans le mouvement.

Les attestations produites, demandent cependant être vérifiées directement, et nous croyons devoir engager la Chambre de commerce de désigner une personne de Diekirch comme étant plus proche de Bettendorf, de faire des essais comparatifs, de ce que cette machine produit d’effet, à l'égard d'autres machines de petite dimension. Si le résultat est un peu favorable, nous croyons, qu'il ne serait pas prudent de décourager l’inventeur, et de lui faire obtenir un brevet d'invention, même sans frais. 

Nous devons aussi faire remarquer, que le plan n'est pas en double et que la description du plan manque totalement, elle doit aussi être en double pour être conforme à la loi.

Les experts : Eydt & Fischer

This report was transcribed by the Chambre de Commerce on 3 July 1856 in the following terms:

…Vous remarquerez, Monsieur l'administrateur général, par la lecture du rapport des experts que nous avons l'honneur de vous adresser avec la demande, le plan et deux certificats y joints en retour, la conclusion que le travail produit par la machine ne peut qu'être égal à la force développée pour remonter le poids moteur, que par ce conséquent il n'y a, en réalité aucune économie de force [4]. Cependant il serait possible que l'inventeur peut appliquer quelques pièces mécaniques qui facilitât ou accélérât le travail utile de la machine, mais dont l'existence n'est pas reconnaissable sur le plan.

Il est à craindre que le prix de revient de la machine Manderscheid ne dépasse l'avantage qui peut résulter de son emploi et que les agriculteurs qui en feraient l'acquisition ne s’apercevraient que trop tard qu'ils ont été séduits par les apparences; afin d'éviter des mécomptes il paraît conseillable de charger un expert à proximité de Bettendorf de voir fonctionner la machine et de rendre compte de ses observations; Monsieur Faber, vétérinaire et agronome à Ettelbruck serait la personne que nous désignerions à cet effet si nous n'étions retenus par le surcroît de frais résultant de cette commission et dont nous croyons devoir laisser au Gouvernement l'appréciation de l’opportunité.

Quoi qu'il en soit du mérite de cette invention nous partageons l’avis des experts qui il y a lieu d'encourager le sieur Manderscheid en lui accordant, pour une nouvelle application de la force motrice, un brevet, gratuitement, en considération de son état de fortune, et pour le terme de cinq ans pendant lesquels il aura peut-être le bonheur de perfectionner la machine à battre. 

signed Lamock & Kuborn

The administrateur général des finances, in charge of the patent application, asked MANDERSCHEID on 12 July 1856 to supply a complete description of the invention which was obviously missing [5]. On 22 July 1856 the requested documents were supplied by the inventor who had gone to the trouble of having professional drawings made.

The administrateur prepared the documents for issuing the patent and forwarded them to S.A.R. le Prince Henri des Pays-Bas in La Haye:

Le sieur Nicolas Manderscheid, maréchal-ferrant à Bettendorf, sollicite un brevet d'invention pour une machine servant à battre le grain. À sa demande sont joints la description et le plan de l'appareil. La Chambre de commerce, après avoir pris l'avis d'experts, a fait un rapport dans lequel, tout en exprimant quelques doutes sur le mérite et l'utilité de l'invention, elle conclut cependant à ce que un brevet de cinq ans soit accordé aux demandeur à titre d'encouragement. 

Je soumets très respectueusement à la haute sanction de votre Altesse Royale le projet d'un arrêté conforme à cette conclusion.

Ce projet fixe à 42.32 Fr (20 Fl) le droit à payer par l’impétrant. C'est le minimum de la taxe pour un brevet de cinq ans. Le sieur Manderscheid a demandé que le brevet lui fût accordé gratuitement et il a été appuyé à cet égard par la Chambre de commerce. 

Cependant la loi ne prévoit pas ce cas, et il n'entre pas dans les attributions du pouvoir exécutif d'exempter d'une taxe imposée par la loi.

The Secrétaire du Roi pour les affaires du Grand-Duché returned the arrêté granting the patent adding the following wish:

En vous renvoyant ci-joint, avec les annexes qui l’accompagnaient et revêtu de la sanction souveraine, l'arrêté qui confère au sieur N. Manderscheid un brevet d'invention pour une machine à battre le grain, j'ai l'honneur de vous faire connaître que Son Altesse Royale le Prince Lieutenant du Roi m'a chargé de vous prier d'examiner encore s'il n'y aurait pas moyen d’exempter l'inventeur du paiement de la taxe de fr 42.32 qui lui est imposée.

J’oserai, à cet égard, Monsieur l'administrateur général, soumettre à votre appréciation le moyen suivant: si, comme le propose la Chambre de commerce, vous chargez un expert de voir fonctionner la machine et que le rapport de celui-ci fut favorable, ne pourriez-vous pas faire obtenir au sieur Manderscheid un subside qui lui permit à la fois de payer la taxe dont il s'agit et de tenter de nouveaux essais pour apporter à sa machine les perfectionnements dont sans doute elle est susceptible? 

The administrateur général des finances promptly instructed Ch. FABER, professeur d'agronomie in Diekirch to examine the MANDERSCHEID machine:

Je vous prie de vouloir bien me faire un rapport sur le mérite et l'utilité de l'invention du sieur Manderscheid de Bettendorf, concernant l'application d'un nouveau moteur à une machine à battre le grain, et me donner votre avis sur le point de savoir si le sieur Manderscheid mérite, de la part de l'État, un encouragement pécuniaire qui lui servirait entre autres à payer la taxe légale du brevet d'invention qui lui sera délivré. 

Professor Faber reported back on 22 August 1856: 

J'ai l'honneur de satisfaire à votre dépêche en date du 14 de ce mois. Le sieur Manderscheid de Bettendorf veut remplacer la force motrice jusqu'ici employée pour la mise en action des machines à battre (un bras d’homme, manège à chevaux, cours d'eau, vapeur) par la propriété générale des corps, dite: pesanteur. Un corps pesant, un poids suspendu librement à la machine et soumis à l'action attractive, tel est le nouveau moteur “Manderscheid”.

Quant à la machine elle-même, le mécanisme en est absolument le même que celui que l'on trouve dans les grosses horloges ou pendules de beffrois, …

Quand on veut mettre la machine en mouvement, on soulève le poids en enroulant l'un des bouts de la corde autour du cylindre; ceci se fait à l'aide d'une manivelle …

La machine “Manderscheid” fait absolument le même travail que les machines ordinaires à bras d'homme; aussi obtiendrait-on un résultat tout analogue à celui actuellement produit, si l'on appliquait directement aux mécanismes la force de l'homme employé pour remonter le poids. La corde sans fin me paraît une dépense inutile

Il paraît ignorer la loi immuable qui nous dit que ce que l'on gagne en force on le perd en temps et vice versa.

Quoique laborieux et actif, Manderscheid est un pauvre homme qui me fait l'effet d'avoir le cerveau surexcité, par suite de ce qu'il appelle son invention, par suite de l'admiration et de l’adulation, feinte ou réelle, dont il est l'objet de la part de ses ignorants voisins. Il ne dort presque plus; il cause toujours de son brevet qui, d'après ses dires doit l'enrichir; il a déjà, m’a-t-il dit, 5 commandes, mais il ne veut les fournir que lorsqu'il sera en possession du brevet, bref, sa tête est remplie d'une foule de modifications qu'il désigne sous le nom d’améliorations.

Quoi que je ne puisse pas, pour ma part, prédire un bien grand avenir à la machine en question, je ne veux néanmoins pas, Monsieur l’administrateur général, préjuger la question, voilà pourquoi j'opterais pour la délivrance du brevet demandé (sans garantie du gouvernement, s’entend). Je ne connais pas bien les dispositions légales qui régissent les brevets d'invention; je suppose que la loi s'oppose à ce que le brevet “Manderscheid” soit délivré gratuitement. Je suis donc d'avis, Monsieur l'administrateur général, qu'il y'a lieu d'accorder pour le cas de l'espèce, un subside, car les encouragements donnés, à des hommes, comme Manderscheid, cherchant laborieusement à se rendre utiles, produisent toujours de bons résultats.

The administrateur général des finances obviously was not aware of the government procedures of granting subsidies and requested the subsidy from the administrateur général de Justice who, in turn, recommended addressing the request to the administrateur général de l’Intérieur who accepted to enter the subsidy into his accounts. The subsidy was thus paid out and the patent certificate, granted already on 6 August 1856, was finally remitted to MANDERSCHEID on 20 September 1856 under the more precise title of:

Nouveau moteur appliqué à une machine servant à battre le grain

MANDERSCHEID took part in a number of exhibitions, up to 1872 at least, and his invention earned numerous prizes:

1860 Concours agricole d’Ettelbruck: 

pour le meilleur hache-paille, soit à bras, soit à manège, un prix de 100 fr. au sieur Manderscheid, mécanicien à Bettendorf.

1861 Concours agricole d’Ettelbruck

Enfin, les notables amélioration dans la construction des instruments oratoires s'est manifestement démontrée par les belles collections exposées par les usines de Berg, Monsieur Manderscheid de Bettendorf etc., sont encore une preuve des services rendus par la Société (royale agricole) dont la marche ne cesse d'être progressive

1861 Exposition industrielle de Metz

machines agricoles, Manderscheid, médaille de 2e classe  

1863 Foire agricole de Ettelbruck

Machines de récente introduction ou invention: Mention spéciale à M. Manderscheid de Bettendorf pour son hache-paille déjà médaillé les années précédentes 

1864 Concours international de Dinant 1864

machines et instruments d’agriculture, Manderscheid, prime de 30 fr. pour hache-paille 

1865 Concours du Cercle agricole et horticole

À côté de Colmar nous avons vu figurer des exposants du fond de la Sûre, les sieurs Hentzig, mécanicien à Diekirch et Manderscheid, de Bettendorf. Le premier avait même eu le courage de monter une machine à battre, la seule que nous avons vue à l'exposition. Ces honorables industriels méritent d'être encouragés; ils luttent, souvent avantageusement, avec les prix des plus grands établissements.

1866 Concours et expositions du Cercle agricole et horticole

hache-paille, rappel de médaille     

Au milieu du carré se trouvait l'exposition des machines agricoles. Nous y avons retrouvé, outre les usines de Colmar, dont la réputation date de loin, l’ingénieux Hentzig de Diekirch, qui ne cesse de rêver à des mécanismes nouveaux et l'intelligent Manderscheid de Bettendorf, qui un jour croyait avoir trouvé le perpetuum mobile. 

1867 Concours de la Société Royale d’agriculture

machines et instruments de culture, prime de 30 fr. et une médaille d’argent à M. Manderscheid pour son hache-paille perfectionné 

1869 Concours de la Société Royale d’agriculture

Section III, instruments aratoires, une médaille et 40 fr., M. Manderscheid pour son hache-paille 

Additional mentions in publications tend to confirm that MANDERSCHEID managed to market his machine and, presumably, to make a living out of it:

1864 Rapport Général présenté par la Commission d’agriculteur sur la situation agricole du Grand-Duché de Luxembourg 1864 [6].

Le hache-paille Manderscheid a reçu de nouveaux perfectionnements, de sorte qu'il remplit de plus en plus les conditions d'un vaillant instrument, dont la solidité compense un prix un peu élevé. 

1864 Letter to the editor of Der Wächter der Sauer: [7]

Ein Landwirt aus der Umgegend der Stadt Diekirch bittet uns, im Interesse der Landwirtschaft, seine Standesgenossen und besonders die Viehzüchter auf die Gehack- und Speise-Maschine des Mechanikers N. Manderscheid, von Bettendorf, aufmerksam zu machen; er selbst sei nun im Besitze einer solchen und habe seither die erfreuliche Erfahrung gemacht, daß sein Viehstand heute mit zwei Drittel des Futters weit besser gedeihe, und die Fütterung viel weniger Zeit beanspruche, als dies früher ohne diese Maschine der Fall gewesen.

Das wäre in der Tat Grund genug, die Eigentümer nur einigermaßen ansehnlicher Ackerbauwirtschaften zur Anschaffen dieser Maschine zu bewegen. Bemerken wir noch nebenbei, daß dieselbe an allen inländischen Ackerbau- und denen unserer Nachbarländer prämiert worden, und daß Hr. Manderscheid bereits bedeutende Bestellungen für das Ausland bekommen hat. Das ist ein Grund mehr, auf daß unsere Landwirte sich von der Zweckmäßigkeit dieses Häcksel-Apparates überzeugen mögen.

1865 Nicolas Manderscheid was one of the petitioners (including Felix de Blochausen) for obtaining a:

…concession pour l’exploitation de mines de fer ou autres qui se trouvent sur le territoire de la commune de Bastendorf, sections de Bastendorf et de Tandel.

MANDERSCHEID constructed another agricultural machine by the name of charrue sous-seps which he presented at the Concours de la Société Royale d’agriculture in 1867 and for which he was awarded a prime de 20 fr. [8]

MANDERSCHEID acquired the Luxembourg nationality in 1862. [9]

He had a total of 11 children.

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[1] FamilySearch database

[2] Census Bettendorf 1855

[3] The experts were clearly not physicists!

[4] An accurate statement, in agreement with the laws of physics, correcting the experts’ statement.

[5] A change had taken place in the administration of the Government and the responsibility of granting patents had been transferred from Intérieur to Finances, hence the examination had been conducted on a drawing only, which had not happened previously.

[6] Mémorial 1864, page 578

[7] Der Wächter der Sauer, 8 September 1864, page 1

[8] Luxemburger Wort, 20 October 1867, page 3

[9] Courrier du Grand-Duché de Luxembourg, 28 November 1862, page 2

(26/02/2021)